Stanislas Idzikosky (1881-1931)

Grâce à son éblouissante technique et à ses dons comiques, Stanislas Idzikovsky a été l'un des danseurs les plus célèbres de son temps, ainsi qu'un professeur particulièrement renommé en Angleterre.

Formé à l'école de danse du théâtre Wielki de Varsovie, il se perfectionne plus tard avec Enrico Cecchetti dont l'enseignement le marque durablement. Il fait ses débuts en 1911 dans une comédie musicale à New York, puis à Londres au théâtre de l'Empire. En 1912, il intègre la compagnie Anna Pavlova , et en 1913, il est soliste dans le Ballet de Theodore et Alexis Kosloff. Il danse aux Ballets russes de Serge Diaghilev de 1914 à 1924 et de 1925 à 1927. En 1924, il se produit à Londres avec Lydia Lopokova et à Paris aux " soirées " du comte de Beaumont. Après avoir quitté les Ballets russes, il poursuit une carrière indépendante, principalement à Londres où il s'installe. Il danse avec sa propre compagnie [1929-1930], puis est invité au Vic-Well's Ballet [1933-1935]. Dès 1933, il commence à enseigner et se consacre à cette activité lorsqu'il quitte la scène. Idzikovsky est un danseur de petite taille, à la musculature très développée. Il s'est néanmoins imposé comme l'un des meilleurs danseurs de son temps. Sa parfaite maîtrise technique lui permet de se jouer avec aisance des plus grandes difficultés, dans une danse précise, brillante et pleine de vivacité. Doué d'une exceptionnelle élévation, il éblouit le public avec ses sauts, restant inoubliable en particulier dans la variation de l'oiseau bleu de La Belle au bois dormant. Ses capacités dramatiques en font un artiste complet, au mouvement expressif et au jeu plein d'humour, qualités qui sont particulièrement mises en valeur dans les ballets de Léonide Massine , et fort appréciées sur les scènes londoniennes. Contraint de ne travailler en duo qu'avec des danseuses de petite taille, il trouve en Lopokova et Alicia Markova des partenaires idéales, avec lesquelles il partage nombre de succès.

Il apporte sa contribution à l'élaboration du ballet britannique comme danseur et professeur. Il collabore au Vic-Well's Ballet, où il crée en 1933 le rôle principal dans Les Rendez-vous de Frederick Ashton. Il dispense à Londres un enseignement inspiré de la méthode Cecchetti et forme nombre d'élèves anglais comme Celia Franca, Leo Kersley ou Derek Westlake, mais aussi français (Jean Babilée) et danois (Érik Bruhn). Il effectue, en outre, un important travail de transmission en codifiant l'enseignement de son maître dans A Manual of the Theory and Practice of Classical Theatrical Dancing , écrit en collaboration avec Cyril Beaumont, et publié à Londres en 1922.

Sa collaboration aux Ballet Russes.   Idzikovsky assure aux B allets russes la collaboration d'un danseur soliste au succès infaillible. Arrivé peu après le départ de Vaslav Nijinsky , il a le redoutable honneur d'hériter de ses rôles, et réussit à conquérir un public nostalgique qui lui reconnaît un talent à la hauteur de celui de son mythique prédécesseur. Il danse ainsi parmi les ouvres de Michel Fokine , Le Spectre de la rose , Pétrouchka , Les Sylphides et Carnaval où, selon les critiques, il campe un arlequin fantasque et romantique dont les sauts ont la légèreté féerique d'un duvet. Il est un interprète idéal de Massine , pour qui il crée Battista dans Les Femmes de bonne humeur [1917], le rossignol mécanique dans Le Chant du rossignol , et Caviello dans Pulcinella , et surtout le dandy dans Le Tricorne [1919], et le snob de La Boutique fantasque [1919] dans lesquels il reste inoubliable, ainsi que le chat blanc des Contes russes [1917], dans lequel il faisait chaque fois pleurer de rire Diaghilev . Bronislava Nijinska lui offre dans Renard [1922] un autre rôle de chat où son élévation fait merveille, et il danse Lysandre dans Les Fâcheux . Pour George Balanchine , il crée la poupée dans le fantaisiste Jack in the box [1926], puis le rôle de Cupidon ajouté pour lui par le chorégraphe dans sa nouvelle version du Triomphe de Neptune [1928].